
Au Cameroun, les opérations de dépouillement se poursuivent après le scrutin présidentiel du 12 octobre, un rendez-vous électoral décisif pour les plus de huit millions d’électeurs inscrits appelés à choisir leur chef de l’État au cours d’un scrutin à un seul tour. Ce vote intervient dans un contexte socio-économique tendu, sur fond de contestations latentes et de crise persistante dans les régions anglophones.
À 92 ans, dont quarante-trois passés à la tête du pays, le président sortant Paul Biya reste le grand favori de cette élection. Doyen des chefs d’État en exercice dans le monde, il a fondé sa campagne sur les thèmes de la stabilité et de la continuité, face à un paysage politique en recomposition.
Douze candidats étaient en lice, dont Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre de la Communication, dont la candidature a surpris par son écho populaire, en particulier dans les régions septentrionales. Sa campagne, marquée par un ton direct et des promesses de rupture avec l’ordre établi, a rencontré un certain engouement, notamment au sein d’une jeunesse en quête de changement.
Cette élection, jugée plus animée que les précédentes par nombre d’observateurs, semble traduire une volonté croissante de renouveau politique, bien que tempérée par le poids d’un appareil d’État largement dominé par le pouvoir en place. Des analystes évoquent ainsi une campagne certes pluraliste en apparence, mais fortement déséquilibrée en faveur du président sortant, bénéficiant d’un contrôle étendu des institutions et des médias publics.
Le gouvernement a rappelé, dans un communiqué officiel, que seul le Conseil constitutionnel est habilité à proclamer les résultats définitifs, attendus au plus tard le 26 octobre. En attendant, plusieurs plateformes indépendantes et organisations de la société civile se sont engagées à compiler de manière parallèle les résultats, dans une logique de transparence et de vigilance citoyenne.
Le scrutin s’est déroulé dans un contexte économique et social difficile, marqué par une inflation persistante, des infrastructures publiques défaillantes, et une insatisfaction généralisée concernant les services de base. À cela s’ajoute la persistance du conflit dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où l’insécurité chronique et les tensions communautaires ont, une fois encore, entravé le bon déroulement du vote et limité la participation.
Un important dispositif de surveillance électorale a été mis en place, avec plus de 55 000 observateurs, dont des missions mandatées par l’Union africaine, afin de garantir la régularité et la crédibilité du processus.
À l’issue de cette élection, le Cameroun s’apprête à franchir une nouvelle étape de son histoire politique, dont l’issue, bien que fortement influencée par le statu quo, demeure porteuse d’interrogations quant à l’avenir de la gouvernance et à l’aspiration au changement exprimée par une frange significative de la population.
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