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Crises politiques en France et en Côte d’Ivoire : l’essoufflement d’un modèle démocratique verticalisé

Publié le 13 Octobre 2025, 11:11am

De Paris à Abidjan, l’actualité politique semble se faire l’écho d’un même malaise institutionnel : celui d’une démocratie qui vacille sous le poids de sa propre verticalité. Emmanuel Macron et Alassane Dramane Ouattara, deux figures que tout semblait rapprocher  une conception élitiste du pouvoir, une foi affichée dans le réformisme technocratique et une revendication constante de légitimité démocratique  se retrouvent aujourd’hui au centre de graves turbulences politiques, révélatrices de l’essoufflement de leur modèle de gouvernance.

En France, les contestations sociales, massives et persistantes, expriment un rejet profond d’un pouvoir jugé sourd et distant. Grèves reconductibles, manifestations d’ampleur, paralysie des services publics, colère dans les hôpitaux, les écoles ou les transports : la République sociale, socle historique de la Ve République, semble s’éroder à mesure que s’impose une logique managériale de l’État. Le président Macron, qui ambitionnait d’incarner un renouveau démocratique en Europe, apparaît désormais comme le symbole d’une centralisation autoritaire, où le dialogue social s’apparente davantage à une formalité qu’à une réelle concertation.

Cette verticalité assumée, revendiquée même, est aujourd’hui perçue comme un isolement. Depuis son palais de l’Élysée, le chef de l’État gouverne dans un climat de défiance croissante, alors que le pays vit au rythme des mobilisations et des sirènes. L’arrogance technocratique, souvent reprochée à son entourage, a fini par creuser un fossé entre l’exécutif et une société fragmentée, en quête de reconnaissance et d’équité.

À Abidjan, l’écho de cette crise française résonne de manière saisissante. Le président Alassane Ouattara, longtemps salué comme un artisan de la stabilité économique en Afrique de l’Ouest, fait aujourd’hui face à un rejet populaire inédit. La marche de l’opposition du 11 octobre 2025, massivement suivie malgré un contexte répressif, a cristallisé les inquiétudes d’un peuple confronté à la perspective d’un quatrième mandat présidentiel, perçu comme un déni de l’alternance démocratique.

Là aussi, la parole officielle peine à masquer le malaise. Les revendications sociales et politiques s’accumulent, portées notamment par une jeunesse ivoirienne de plus en plus politisée et connectée, qui refuse de se résigner à une démocratie de façade. Les libertés publiques se restreignent, les contre-pouvoirs s’affaiblissent, et le pouvoir exécutif renforce son emprise dans un climat de crispation.

Les nombreuses rencontres entre Macron et Ouattara, souvent décrites comme des échanges stratégiques entre alliés, prennent dès lors une résonance particulière. Au-delà des convenances diplomatiques, ne s’agissait-il pas d’un pacte tacite entre deux pouvoirs en difficulté, cherchant dans l’autre un miroir rassurant de légitimité ? Car les similitudes sont troublantes : tous deux ont tenté d’imposer des réformes impopulaires sans véritable consultation, marginalisé les corps intermédiaires, et sous-estimé la force de mobilisation populaire.

Mais l’époque a changé. Dans un monde où l’information circule librement, les peuples qu’ils soient d’Europe ou d’Afrique, ne se contentent plus de promesses ni de récits bien rodés. Ils exigent une gouvernance plus inclusive, plus transparente, et respectueuse de leur souveraineté.

À Paris comme à Abidjan, les signaux d’alerte sont clairs. Lorsqu’un pouvoir persiste à gouverner contre son peuple, il se condamne tôt ou tard à la disqualification. Les modèles fondés sur la concentration du pouvoir, l’usure démocratique et le mépris du consensus semblent atteindre leurs limites historiques.

En cela, Emmanuel Macron et Alassane Ouattara apparaissent comme les visages d’un même crépuscule politique. Leur fin de règne illustre l’impasse d’une certaine idée de la démocratie  autoritaire dans sa pratique, progressiste dans son discours désormais contestée dans ses fondements. Une page est peut-être en train de se tourner, et l’Histoire, comme toujours, pourrait bien s’écrire dans la rue.

Abdalah KABORE

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